Archive | novembre, 2015

#LaMarsa

27 Nov

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Quartier huppé, se dressant comme une ville à part du reste de la Tunisie. On ne badine pas avec les Marsois, fiers de l’unicité de leur petite cité. La France, solennellement représentée par ses vestiges, n’enlève en rien la saveur bien tunisienne des lieux.

Je m’y promenais tranquillement tout à l’heure, dans la brise nocturne de ce mois de mai à tendance caniculaire. La Corniche m’apparaît comme l’endroit parfait pour une promenade clarifiant l’esprit des tracasseries de la vie quotidienne. Mes pas suivent allègrement le rythme des couleurs des trottoirs.. Rouge, blanc, rouge, blanc, rouge, blanc. Le vin me monte vite à la tête… La tête tournée vers la mer dont je ne distingue que l’écume (des jours), je décèle cette odeur si familière d’iode. La respire à pleins poumons. Une symphonie de senteurs viennent s’y ajouter: le jasmin omniprésent autour des cous de ces dames, le popcorn qui s’échappe des mains des enfants qui courent, l’odeur de la brise apaisante, des casse-croûtes ‘’hrissa-ton’’ enveloppés d’un papier blanc cassé, bruyant aux motifs de graisse… Je respire bruyamment, voulant m’imprégner de cette odeur, de ces moments où la vie ne semble pas vouloir quitter le monde. L’animation des lieux est à son comble : les chaussures qui râpent le sol paresseusement, les voiles qui voltigent au gré du vent, les cris des petits enfants jouant à cache-cache derrière les bancs en forme de Pacman inversés.
Je décide de tourner dos à la mer, m’asseyant sur un de ces petits murets blancs typiques de la Corniche. Je regarde le légendaire (et plus si jeune) Petit Salem, trônant fièrement, couvant l’allée de ses lumières néons attrayantes. Le glacier immortel grouille de familles avides de nourrir les petits microbes de sucre, de couples aux regards gênés, de dames âgées voulant apprécier une (dernière ?) glace pistache dans la fraicheur de cette soirée chaude et mouvementée. Les lieux pullulent de personnes voulant davantage profiter de la réputation de l’endroit que de la vue sur mer. Les lumières jaunâtres suivent stratégiquement les vendeurs à la sauvette exhibant la camelote, aux aguets d’une éventuelle apparition policière.

Pourquoi est-ce qu’on y revient ? L’ambiance y est unique.
Elle rapatrie les cœurs, commémore les anciennes sorties en famille, évoque les premiers rendez-vous galants, nous ramène en arrière, où la vie était toujours comme celle-ci : belle.

Je resserre mon gilet autour de moi, la brise me prend par surprise. Se soulèvent les feuilles des palmiers, frissonnantes. Palmiers qui campent leurs positions de gardes de la plus belle cité de la banlieue nord. A leur rythme, volettent les petits drapeaux de la Tunisie, rappelant à qui veut à qui appartient ce petit coin de paradis. J’écoute les bribes de conversations des gens à côté de moi. Je capte quelques paroles transies, de retour à la maison dans quelques minutes, de recharge téléphonique à faire immédiatement, et autres petits blasphèmes tout aussi délicats…
Les cafés bordant les rues sont pleins à craquer. Les hommes discutent, jouent aux cartes, affichent des airs las, graves ou rient à gorges chaudes en brûlant cigarettes sur cigarettes. Les chaises raclent les sols et brutalisent le sommeil des habitants des appartements plus hauts. Les voitures se bousculent dans les rues, s’arrêtent pour saluer des connaissances, klaxonnent pour des raisons obscures (ou surtout, sans raison), se poussent, s’arrêtent pour laisser les gens passer (suite aux supplications de ces derniers). Je suis chez moi, à ce moment même, effleurée délicatement par le zéphyr sous la douce brise aux effluves de jasmin, vendu par le petit garçon aux yeux rieurs et à la vieille chechia élimée.

Ce quartier charmant est comme une petite auberge accueillante avec la pancarte ‘Home Sweet Home’ à l’entrée : on y reviendra toujours même si on est de passage.

Photo de Omar Chatriwala.
‘A couple sits and watches the Mediterranean on the corniche in La Marsa, Tunisia.’

Début d’une série d’écrits (sans ponctualité)

27 Nov

Je commence dès aujourd’hui, une longue série d’écrits qui tiennent leur inspiration des endroits de la Tunisie où la beauté est souvent ignorée, voire invisible pour les yeux habitués et parfois même, las. Les souvenirs enchanteurs des moments passés dans ces lieux devraient faire ressurgir les nostalgies de certains. Tout se joue sur une promenade dans les allées enjôleuses de cette Tunisie que je préfère dessiner dans sa splendeur, hélas, salement négligée de nos jours…

rGfDBb9ptYouJKh-8mcuzO2af-cP.S. : L’image ne m’appartient pas (crédits au photographe, quel qu’il soit) mais je la trouve jolie. Tunis est belle la nuit, malgré ses souillures nocturnes, malgré ses lumières fatiguées qui réussissent quand bien même à éclairer mes yeux de bonheur.