Inspiration médicamenteuse.

6 Avr

J’étais inspirée hier. En fait, maintenant, je suis assez inspirée. Je me sens flotter & je sens que tout va bien dans le meilleur des mondes. Que rien n’est grave. Que tout est relatif, que rien n’est absolu. J’ai l’impression que la vie en soit est si belle. Elle est douce et calme. Que le pouvoir de l’imagination est infini, que mes rêves sont des réalités. C’est vrai, pourquoi un rêve ne serait pas réel ? Pourquoi les scénarios et les belles choses que j’imagine ne s’avéraient-elles pas vraies ? La vie qu’on vit n’est-elle peut-être rien d’autre que le rêve le plus réaliste, non ? On peut vivre de ses chimères, les chérir, les embellir par des détails, les enjoliver…

Je crée l’avenir parfait selon mes standards de la perfection. Je le vois, avec plein d’ambition, de rires, de caresses, de béatitude, limpide, mémorable (peut-on réellement dire d’un avenir qu’il est mémorable ?).

Je me vois rire à gorges chaudes sans penser au bruit retentissant qu’il fait.

Je me vois marcher dans la brise légère, réajuster mon gilet sur mes épaules et fermer les yeux le temps d’un petit souffle délicat sur mon visage.

Je sens mes cheveux caressés tendrement par ses mains tandis que celles-ci enserrent mon corps dans une chaleur des plus apaisantes.

Je sens l’animation de ma chambre occupée par mes meilleures amies avant une sortie & de respirer la joie de vivre ambiante.

Je me vois en voiture, peu importe le siège, peu importe la destination, la fenêtre légèrement ouverte, les lumières des lampadaires qui dessinent sur mon visage, les motifs de la nuit qui vient tout juste d’être entamée.

Je me vois, accotée sur cette voiture, avec lui, regarder au loin la mer & apprécier le calme de ce moment qui restera à jamais ancré en moi comme la définition même de la paix intérieure.

Des moments de tranquillité interne, de moments de sérénité, où tout est amplifié de beauté, ou tout devient relatif, sommaire, réversible, rien n’est marqué à tout jamais.

La sensation même de savoir que ce genre de moments puissent exister, allège mon cœur du poids d’une neurasthénie trop longtemps enracinée. Une main délicate & agréable m’enduit un baume sur le cœur, si longtemps convaincu que la destinée n’est que noirceur, que la destinée n’est qu’abattement & sempiternel vague à l’âme. Et alors mon cœur devient chaud, les tissus, auparavant nécrosés par le desespoir et noirs de ma lypémanie, auparavant si sombres deviennent tout d’un coup roses & rouges. La couleur de la vie et de l’amour remplacent alors la chair noirâtre & fumeuse. La texture auparavant rugueuse & charbonneuse devient alors lisse & rebondie. Pleine de jeunesse, pleine de fraicheur & de vivacité ! Finie la décrépitude des moments de peine ! La caresse de cette main me procure multitude de sensations. La chaleur succède au vent glacial qui soufflait sur mon cœur, nu, tremblant, dévoilé. La rapidité à laquelle il bat, ce bouillonnement de vie, ce sang qui tape sur toutes les parois me fait sentir en vie, fougueuse & pleine de hâte quant à la suite des évènements.

De nature curieuse, je me demande bien qui est cette main ? Que je dois remercier du plus profond de mon être ? Serais-ce la mienne ? Serais-ce Dieu qui m’en donne une car il a vu que mon atonie devenait trop longue ? Serais-ce le fruit de mon esprit influencé par la beauté des circonstances? Par les médicaments qui enfument mon esprit de belles images ? Les deux en même temps ?

Quelles que soient les circonstances, je serais indéfiniment à la recherche de cette beauté. Avec ou sans morphine dans le sang. C’est celle-ci mon ambition de vie. A 23:42, le 6 avril 2013.Image

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